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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/353

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et parmi lesquels j’ai nombre d’amis en Europe, rejettent le mariage religieux comme contraire à leur conscience et à leur honneur. Ils ont raison : car la dernière des lâchetés est l’hypocrisie, et chacun doit aux autres comme à lui-même d’affirmer ce qu’il croit, de rejeter ce qu’il ne croit pas. Cependant, par une inconséquence étrange, causée d’ailleurs chez beaucoup d’entre eux par l’inconséquence de leur doctrine à l’égard des femmes, ils acceptent le mariage civil, et en font la base même sur laquelle s’appuie leur protestation.

« Qu’est-ce pourtant que le mariage civil, sinon l’esprit et la formule du mariage religieux, transportés de la bouche du prêtre dans celle de l’officier public ? Ne voient-ils pas, ou ne veulent-ils pas voir, que l’autorité du prêtre, celle du roi et celle du mâle, — comme disent si noblement les éloquents de ce siècle, — ont une seule et même origine, et dérivent toutes également de cette invention sublime, qui se perd dans la nuit des théocraties : la délégation faite par le ciel à certains élus d’ici-bas, institués ses représentants nécessaires.

« L’heure est venue pourtant où il faut choisir entre le système céleste des hiérarchies, qui a jusqu’ici fondé l’ordre de ce monde sur l’inégalité, l’arbitraire, la violence, — et l’ordre humain, fondé par le droit de l’individu sur l’égalité, autrement dit la justice. Et ceux qui repoussent l’œuvre de l’Église courberaient la tête sous cette œuvre de soldat, qui doubla les brutalités chrétiennes et bibliques du culte de la force, de la haine de l’idée, de l’absence de tout sens moral ! Non, qui rejette l’une par raison doit rejeter l’autre par pudeur !