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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/369

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bercer par ces accents, ainsi qu’un enfant, las de pleurer, se calme au chant de sa nourrice. D’abord tout ce qui l’entourait, cette mer bleue, ces bords admirables, ces accords, se confondit pour elle dans un enchantement vague ; puis, le chant plus accentué, mieux compris, devint la traduction même et la voix de cette immense harmonie, et tout, la mer splendide et la terre fleurie, Sorrente, Caprée, Virgile, Herculanum, le Vésuve, souvenirs historiques, parfums marins, haleines des orangers, brise du soir, tout cela n’eut plus qu’un sens, bégayé ou formulé de toutes parts, et devint comme le trépied mystérieux de cette Pythie, l’âme humaine chantant l’amour. Un attendrissement suprême la saisit. Des larmes qu’elle ne sentait pas inondèrent ses joues. Un flot de passion fondit sur elle et l’emporta sur des hauteurs d’où le monde n’apparaissait plus. Et toute son âme s’exhala dans un nom, qui fut un cri d’adoration, de foi, de dévouement : Paolo !

Alors elle pleura, elle se repentit, et ne se comprit plus elle-même. Elle avait pu le rendre heureux, et l’avait laissé partir ! Ah ! lui seul avait raison ; elle le sentait maintenant ; elle comprenait maintenant cette passion, qu’elle avait maudite et calomniée, quand elle aurait dû bénir la vie de toutes les forces qui lui étaient accordées pour adorer et enchanter son amant. Elle l’aima de tous ses remords, lui promit désormais d’infinies tendresses… Oh ! le retrouver ! le retrouver seulement !…

Elle se leva, s’élança dans la citadine, activa le cocher, fila comme un trait sur la route de Naples, et se retrouva inquiète, encore toute émue de fièvre,