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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/370

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au seuil de l’hôtel. Presque machinalement, elle entra. On lui remit des lettres. Elle vit l’écriture de Paolo, et ne vit plus rien……

L’haleine suspendue, le cœur étreint, elle s’était guidée instinctivement jusqu’à sa chambre ; elle en ferma la porte, et, s’affaissant tout près sur un siége, déchira l’enveloppe de ses doigts tremblants. En ce moment, Aline sentit quelque chose de définitif et d’immense qui fondait sur elle, et palpita sous la serre du dieu antique de ces bords : le destin. Au travers d’un voile, elle vit ces mots : « À bord du Cagliari. » Et ses forces, un moment, l’abandonnèrent. Puis elle poursuivit :

« À bord du Cagliari, 26 juin 1857,

« Bien loin de toi, et marchant sans doute à la séparation éternelle. Une rencontre, un mot, ont décidé de ma destinée Maintenant, c’est la fatalité qui me conduit, et je m’abandonne à elle, n’ayant plus le droit de me reprendre. Il y a quelques jours encore, presque insoucieux du reste de la vie, je n’aspirais que vers toi ; hier, séparé de toi, rencontrant cet autre amour, où tu es encore, l’amour du juste, je lui ai donné ma vie. Hélas ! partout le but se refuse à nos désirs ! Je n’accomplirai la justice pas plus que je n’ai saisi le bonheur ; mais là, du moins, tenter, c’est quelque chose, c’est beaucoup.

« D’autres, inspirés de nous, comme nous des précédents martyrs, nous suivront. « Il est temps, m’a dit Pisacane, de rappeler au monde la liberté qu’il oublie. Si notre sacrifice ne produit aucun bien à l’Italie, ce sera du moins une gloire pour elle d’avoir produit des enfants qui ont bien voulu