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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/60

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caquetage, l’arbitraire, le faux jugement, le lieu commun, sont le partage exclusif des femmes ! Ô modestie ! Générosité ! Mais c’est que la chose est grave et demande des sacrifices. Il faut faire la part au feu, séparer le domaine de la femme de celui de l’homme, soigneusement distinguer, lui donner les petites choses et garder les grandes… Or, de quel droit ? puisqu’à présent il s’agit de droit partout en ce monde. — Du droit d’une supériorité naturelle ; il ne peut y en avoir d’autre. La femme sera donc une inférieure, une enfant.

« Celui-là, mieux, en fera une malade, et de l’amour une pharmacopée à soulever le cœur de dégoût. Car, en dépit de tous ces parfums brûlés, de toutes ces finesses de sentiment, de toutes ces jonchées de fleurs, il s’exhale de là-dessous une odeur fétide. Cela sent l’immonde. Tendresses malsaines et fausses, amour sans pudeur, griffes sous le velours, onction de prêtre, flatteries jésuitiques, platitude morale, qui s’étend de l’être avili par le pouvoir à l’être avili par l’obéissance…

« Non, ma sœur, crois-moi, il n’existe ni amour, ni justice, ni dignité, ni entente possible, partant nul bonheur, entre celui qui se croit roi par la grâce divine et l’être qu’il prétend ranger à sa loi. Il n’y a de possible entre eux que la douleur et la haine. L’homme ne comprend pas comme nous l’amour. Pour lui, ce n’est pas un échange, c’est une conquête. À ses yeux, la femme, infériorisée, est bien moins un être qu’un objet. Aussi éveille-t-elle en lui l’idée du plaisir plutôt que celle du devoir. Écoute chez les poëtes, — ces idéalisateurs, dit-on, — le langage de l’amour dans tous les siècles. Toujours