Elle attendait dans l’église, quand la sœur Sainte-Angèle entra et vint s’agenouiller près de l’autel.
D’abord la chère sœur, comme l’appellent les petites filles, qui tremblent à sa voix, se contenta de prier avec ferveur et en poussant de profonds soupirs ; puis, comme si elle venait de prendre une résolution, elle se leva, et s’approchant de Suzanne :
— Vous êtes venue pour vous confesser ? lui demanda-t-elle de sa voix creuse.
— Oui, madame.
— Vous osez vous approcher des sacrements dans un but coupable ! Vous vous damnez, ma fille, pensez-y bien. Dieu vous parle en ce moment par ma voix ; c’est lui qui m’a poussée à venir vous adresser ces remontrances. Offrez votre cœur en sacrifice, ne songez qu’à l’amour de Dieu et rompez ce mariage impie.
— Et qu’a-t-il d’impie, madame, s’il vous plaît ? demanda la jeune fille, qui ne savait trop si elle devait rire ou se fâcher.