Page:Leo - Jacques Galeron.djvu/74

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nous rejoignirent. Ils étouffaient de bonheur. Suzanne vint m’entourer de ses bras et me combla de caresses, et, sur une ouverture que lui fit mon mari, Jacques réforma ce soir-là l’instruction publique tout entière, et recréa l’âge d’or dans nos communes rurales. Il ne doutait de rien.

Il n’y avait plus qu’à songer à leur mariage ; mais il fallait faire une place sur la terre à ce bel amour ; ils n’avaient le sou ni l’un ni l’autre, et vous savez, madame, que le traitement d’un instituteur lui donne à peine le strict nécessaire. Suzanne déjà possédait les meilleures notions de tout ce qui concerne l’instruction primaire ; il me vint à l’idée de la faire recevoir institutrice : elle apporterait ainsi sa part de travail dans l’aisance du petit ménage.

Nous avions, il est vrai, une école de sœurs ; mais ces pauvres filles ne savent guère que chanter du nez et lire des prières, et n’ont pour tout diplôme que leurs lettres d’obédience, comme la loi le permet. Chose