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4° N’avaient-elles pas autre chose à faire que se promener, et leurs mères ne trouveraient-elles pas bien à les occuper à la maison, plutôt que de les voir vaguer à rien faire ? Car de ramasser de petites pierres, et de la terre, et de l’herbe, à quoi ça peut-il servir ? Il n’y a là rien de rare ; on en voit assez partout, et ce n’est pas pour s’occuper de choses si communes qu’on envoie les enfants à l’école.

Là se bornaient les principales observations contre la promenade du jeudi, si nous entendons négliger les querelles particulières, mais d’autant plus envenimées, au sujet d’un échalas brisé, d’une poire abattue, ou d’un poulain effrayé. Les garçons de l’autre école faisaient cent fois pis quand ils revenaient le soir par bandes, mais cela c’était dans l’ordre, parce que c’était dans l’usage ; on en maugréait bien parfois, mais sans fracas. Un verger tout entier, pillé par ces jeunes monarques, n’aurait pas valu un seul pépin de la poire abattue par la petite fille. Cette différence de jugement s’étend à d’autres sujets.

Plus lentement l’opinion s’émut des nouveaux procédés d’enseignement, mais le cri ne fut pas moindre. On alla répétant que les élèves de Mlle Jacquillat ne faisaient plus que s’amuser, chose au dernier point scandalisante et qui remua jusqu’aux entrailles de sa bourse chaque père de famille chargé de payer par mois sa pièce d’un franc cinquante à trois francs — sans compter les contribuables, intéressés dans la question, pour leur part de la subvention scolaire et les conseillers municipaux grands-prêtres du sacrifice.

(À suivre)

ANDRÉ LÉO