Page:Leo - L Institutrice.djvu/201

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— Pardon, monsieur, dit Sidonie ; mais il me semble, au contraire, qu’il est bon, et plus naturel, d’enseigner d’abord à l’enfant les faits du monde extérieur, qui attirent le plus son attention et sa curiosité. C’est, je crois, le moyen le plus propre à lui donner le goût de l’étude par le désir de connaître et……

— Je vois, mademoiselle, que vous avez vos idées, reprit l’inspecteur, en interrompant grossièrement Sidonie, et il est vraiment fâcheux que vous n’ayez pas été appelée au conseil de l’Université. Mais il serait inutile de m’expliquer tout cela, parce que moi, voyez-vous, je ne suis qu’un pauvre professeur retraité, décoré, qui sais le latin, le grec, la rhétorique, qui ai grisonné sur Cicéron et sur Tite-Live, et ce n’est pas moi qui me permettrais de toucher au programme et de donner des conseils au ministre ! Vous, ma chère demoiselle, c’est différent. Ah ! ah ! voyons donc un peu ce que ces petites savantes savent de grammaire ; car je suppose que vous la leur avez apprise avant la physique.

Il interrogea plusieurs élèves ; mais la plupart ne purent répondre ; d’autres se trompèrent ; car il ne voulait que le texte, et elles ne le savaient pas.

— En vérité, l’on dirait qu’elles n’ont pas appris la grammaire. Est-ce possible ?

— Monsieur, dit Sidonie, j’ai mis, en effet, de côté, du moins momentanément, l’étude des règles, pour la pratique du langage, par l’écriture et la parole, pratique raisonnée d’ailleurs. Avant de pouvoir faire avec fruit l’analyse d’une langue, il faut la