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Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/104

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— Allons ! allons ! vous n’avez pas trop grande opinion de vous-même, Touronne, dit Michel d’un ton railleur.

— Mais, reprit Lucie, la simplicité est pourtant bien aimable, mère Touron ; et quant à moi, je suis persuadée que je m’amuserais davantage à une noce de paysans qu’à celle de ma cousine.

— Pas possible, mam’zelle, s’écria la femme du tailleur, qui ne put cacher son étonnement et son mépris pour une assertion si extraordinaire.

— Ah ! c’est que vous êtes bien, vous, mam’zelle Lucie, la meilleure demoiselle et la plus avisée qu’il n’y ait pas dans tout le monde ! s’écria Michel.

— Alors, mam’zelle, dit niaisement la Touron, quand vous vous marierez, faudra inviter des paysans à vot’ noce, et j’en serai, si vous voulez.

— Volontiers, répondit la jeune fille ; mais vous attendrez longtemps, mère Touron.

— Pourquoi ça, mam’zelle ? demanda hypocritement la paysanne, qui savait bien pourquoi.

— Parce que, dit Michel, mam’zelle Lucie attendra de trouver un homme qui la vaille ; et, ma foi ! elle pourrait bien ne pas trouver.

— Merci, Michel, dit Lucie en souriant. Vous tournez un compliment aussi bien que M. Gavel.

— Vrai, mam’zelle ? Alors, bon pour les compliments ; mais quant au reste, je tâcherai de mieux faire.

— Ah ! dit Lucie étonnée, vous n’avez pas bonne opinion de lui ?

— Dam ! il ne me va pas, répondit Michel embarrassé.

— Ce pauvre gars-là est fou, dit la Touronne. On sait bien qu’il ne considère ni l’argent ni ceux qui en ont. Pourtant, c’est-il pas l’argent qui fait tout le bien et la misère tout le mal ?

— Ça n’est point vrai, répliqua le jeune homme. Si