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Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/161

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À ce moment, Jules accourait, criant que les voitures étaient prêtes. On se rendit au moulin. Déjà Mme Bourdon montait dans sa calèche, quand Émile, dont les yeux regardaient toujours en aval de la rivière, devint tout rouge et arrêta sa mère par ces mots : — Maman, voici Mlle de Parmaillan.

Mme Bourdon sembla réprimer un vif mouvement de contrariété, mais elle mit pied à terre aussitôt, et prit un de ses plus gracieux sourires en se tournant du côté où la jeune amazone venait d’apparaître.

Celle-ci, par une sympathie frappante, avait arrêté court son cheval en apercevant les Bourdon et leur société. Mais, s’étant ravisée aussi, elle s’avançait au petit pas, suivie de son groom en livrée, droite, sérieuse et fière, avec ce sourire hautain qu’inspire, non la race, mais l’orgueil, et que possèdent, en dehors de l’aristocratie, tous les superbes de ce monde.

Toutefois, les distinctions les plus incontestables dont l’orgueil se prévaut éclataient en cette jeune fille ; elle était accomplie de finesse et d’élégance dans les moindres détails, de son front royal à son petit pied. C’était une blonde aux yeux noirs ; son costume était charmant, et simple.

Elle s’inclina légèrement devant Mme Bourdon, salua Aurélie, et sembla ne pas voir Émile, qui, éperdu de joie et de timidité, remuait les lèvres sans oser se faire entendre. Après les compliments obligés, Mlle de Parmaillan, parcourant du regard la société de Mme Bourdon, y remarqua Gorin et Silvestre.

— Ah ! madame, dit-elle d’un accent plein d’ironie, quelles agréables parties vous faites le dimanche ! et, s’inclinant de nouveau, elle fit siffler sa cravache et partit au galop, suivie de son groom Isidore, qui, tout ce temps, s’était tenu derrière sa maîtresse, roide et majestueux, et