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Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/189

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— Et vous aurez sans doute aussi M. Gavel ? Quel charmant jeune homme ! Quel beau couple ! hein ?

— Oui ben, quoique tout de même il soit un petit trop minçolet. Me ressemble qu’un homme riche, ça doit toujours être gros et gras. Quoique ça, nous verrons une belle noce, allez !

— Oh ! l’on sera bien une soixantaine de personnes, dit Mme Bertin.

— Quelle tablée ! Ils n’auront jamais assez d’argenterie, observa Mlle Boc.

— Oh ! je leur prêterai la mienne, reprit Mme Bertin. J’ai même un surtout en cuivre argenté, qui est une belle pièce. Elle figurera bien. Ma mère la tenait de son oncle, qui…

— Mais, madame Bertin, êtes-vous sûre qu’on ne manquera pas de couverts d’argent ? Moi, je n’en ai que six. Mme Bourdon en a, je crois, deux douzaines.

— Mais moi, j’en ai douze, répliqua Mme Bertin avec orgueil, tous d’héritage, six au nom des Talambin, vous savez ?… Les Talambin d’où sortait ma mère, une famille qui dans le temps était la première de Confolens ; six autres…

— Mais tout cela ne fera pas soixante ! interrompit encore Mlle Boc.

— On s’en passera ! dit la Perronneau. De beaux couverts d’étain bien luisants…

— Ah !!! s’écrièrent les deux bourgeoises, avec des gestes d’horreur. Allons donc ! Il ne faut pas songer à cela !

Et toutes deux se regardèrent d’un air d’intelligence, écrasant pour la Perronneau.

— Moi, j’aimerais mieux boire de l’eau claire dans une cuiller d’argent que du bouillon gras dans une cuiller d’étain ! Fi ! c’est si désagréable !