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Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/261

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nous allons faire un grand voyage en Angleterre, ajouta-t-il.

— Ah ! bientôt ? demanda Lucie.

— Le mois prochain, ma belle.

— Et vous y resterez longtemps ?

— Peut-être un mois ou deux.

— Alors il n’est plus question du mariage d’Aurélie ?

M. Bourdon jeta sur sa nièce un coup d’œil perçant et répondit :

— Pourquoi ne supposes-tu pas qu’il est seulement retardé ?

Après un silence :

— On jase beaucoup à Chavagny tout à l’heure, n’est-ce pas, Lucie ?

— Je pense que oui, mon oncle.

— Et que dit-on ?

— Je n’ai causé de ces choses avec personne ; mais tout le monde imagine assurément que le mariage est rompu.

— Ah ! ah ! je suis bien aise d’apprendre ce qu’a décidé la sagesse des petites filles à cet égard. Heureusement pour le salut des hommes, les barbons, en revanche, ne sont pas gens de premier mouvement. Ils réfléchissent, ils s’enquièrent, et, tout compte fait, trouvent qu’il n’y a personne à pendre, mais de pauvres pécheurs à pardonner et des repentirs sincères à absoudre. Tu ne dis rien ? Voyons, tu voudrais qu’on pendît tout le monde, toi, n’est-ce pas ?

— Je ne puis juger ces choses qu’avec mon sentiment, répondit Lucie, et mon sentiment n’est pas le vôtre. Nous n’avons donc pas à discuter là-dessus.

— Non ; mais je veux, ma chère enfant, éclairer ta conscience à cet égard. Je suis loin, tu le penses, de vouloir marier Aurélie avec un homme indigne d’elle ; mais, au