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Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/264

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continuer la camaraderie de l’enfance, et ce garçon me paraît très-hardi.

— Pas du tout, mon oncle, c’est tout le contraire, dit-elle naïvement.

M. Bourdon eut un sourire équivoque. Passant le bras autour de la taille de sa nièce, et la regardant comme elle n’aimait pas à être regardée par lui :

— Sais-tu, dit-il en l’embrassant sur les lèvres, que pour une jolie demoiselle comme tu l’es, tes façons d’agir sont un peu villageoises. Il faudra cependant briller à Poitiers l’hiver prochain.

— Comment cela ? demanda-t-elle étonnée.

— C’est une manigance entre ton père et moi, dirigée contre ton repos. Ah ! voici Mourillon !

— Mon oncle, dit Lucie en lui tendant la main, vous m’assurez que Michel n’a rien à craindre ? Donnez-m’en votre parole d’honneur.

— Je te la donne, dit M. Bourdon. Qu’il vienne demain matin. Ah ! Lucie ! Lucie ! tu te mêles à des complots contre l’ordre public !

Bien qu’elle eût hâte d’apprendre la bonne nouvelle à Michel, cependant, après avoir fait une courte visite à sa tante et à sa cousine, Mlle Bertin se rendit tout d’abord à la ferme des Èves, où, prenant à part Marie, elle la chargea d’aller au bois des Fouillarges porter sans crainte des vivres à son frère et à Jean, et leur donner bonne espérance qu’ils seraient libres le lendemain ! Elle n’arriva chez elle qu’à la nuit tombante et se glissa aussitôt dans l’écurie :

    N’est rien de si charmant
    Que la bergère aux champs.

— Me voici, mam’zelle Lucie, dit la voix triste du jeune paysan.