Aller au contenu

Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/265

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Descendez vite et venez près de moi.

— Oh ! il y a du nouveau dans votre voix, mam’zelle Lucie.

— Oui, Michel ; vous êtes libre. Votre liberté n’a jamais été menacée, et Chérie, sans doute, avait mal entendu. Mon oncle Bourdon m’a donné de tout cela sa parole d’honneur, que je vous transmets.

— Comme ça vous rend joyeuse ! dit-il amèrement.

— Eh quoi ! vous n’êtes pas joyeux aussi, vous qui pleuriez tantôt pour avoir la clef des champs ?

— Était-ce pour ça, mam’zelle Lucie ? Ah ! je suis fou et ridicule, n’est-ce pas ?

— Non ; mais je vois que vous avez un mauvais caractère, dit-elle avec une douce raillerie. Vous semblez toujours mécontent.

— C’est vrai, reprit-il ; je devrais être content, tout au moins pour ce que je vous ôte de peine en vous débarrassant de moi.

— Michel ! s’écria-t-elle.

— Quoi, mam’zelle Lucie ?

— Vous êtes méchant et injuste ! Je ne vous croyais pas comme cela, dit-elle d’une voix altérée jusqu’aux larmes.

— Pardon ! pardon ! s’écria le jeune paysan. C’est vrai que je deviens chagrinant et mauvais. Ah ! mam’zelle Lucie, ne voyez-vous pas que ça me fâche trop de vous quitter ?

— C’est cela ? dit-elle, oh bien ! je vous pardonne. Mais ce n’est pas adieu qu’il faut nous dire, Michel, c’est au revoir.

Il prit la main qu’elle lui tendait et la pressa de ses lèvres en s’écriant :

— Oui ! oui ! au revoir ! Puis il ouvrit la porte, s’élança dehors et disparut dans l’obscurité.