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Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/268

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les propriétés des plantes, la nature des terrains, les effets que produisent, mêlées entre elles, différentes substances, vous seriez le plus habile agriculteur du canton.

Il se leva du banc où il était assis et se mit à marcher avec agitation dans le bosquet.

— Ah ! oui, oui, vous avez raison ! Et dire que ça n’est pas possible !

— D’un autre côté, les bonnes choses que vous auriez à dire, Michel, gagneraient à être exprimées dans un langage meilleur.

— Et vous en auriez plus de plaisir à causer avec moi, mam’zelle Lucie ! Hélas ! faut-il que je n’aie que mon dimanche et personne pour m’enseigner ! Car notre vieux instituteur, il n’en sait pas plus long que moi, voire même qu’il est plus bête.

— Vous qui aimez tant la lecture, Michel, vous sauriez bien vite mettre l’orthographe. Je me rappelle qu’à l’école vous étiez toujours le premier en dictée autrefois.

— Mam’zelle Lucie, vous étiez souvent aussi la première, et vous êtes plus jeune que moi de deux ans. Tenez ! dit-il en s’asseyant, ne parlons plus de tout ça. Quand je pense que ça serait une chose possible que je devienne un homme instruit, et puis qu’en même temps ça ne se peut pas, j’en ai trop de rage et de chagrin !

— Savez-vous à quoi je pensais, Michel ? Mais c’est peut-être impossible. Je ne suis guère instruite, moi non plus, mais je pourrais vous aider beaucoup avec des livres. Seulement, pour que je vous donne tous les dimanches une leçon, il faudra que mes parents le permettent.

— Ah ! vous le voulez, vous, et c’est assez ! assez pour me rendre bien heureux ! Qu’ai-je donc fait pour que vous soyez si bonne pour moi ? Mam’zelle Lucie, faites-moi une promesse, je vous en conjure ! c’est de me confier