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Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/272

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dans la chambre, on vit bondir au dehors, par la fenêtre, la bête blanche qui donna justement, tête baissée, dans Marie Touron, au moment où celle-ci revenait près de sa mère.

Ce fut indescriptible ; draperies blanches et brunes luttant pêle-mêle, cris, hurlements, imprécations.

— Sur ma foi ! dit Michel, elle jure ni plus ni moins que si c’était un homme.

— La bête blanche ? dit Lucie. Et ne voyez-vous pas que c’en est un ?

— Faut que j’y coure alors, mam’zelle Lucie, car voici Touron qui revient avec sa fourche.

Mais comme il s’élançait pour franchir le mur, il se trouva face à face avec la bête blanche, qui sautait dans le jardin, et il recula de dix pas.

— Qui êtes-vous ? demanda Lucie d’une voix qu’elle cherchait à rendre plus ferme.

— Je suis Cadet, mam’zelle Lucie. Où me cacher ?

— Venez, dit-elle en l’entraînant vers les sureaux ; mais le tailleur, à son tour, faisait irruption dans le jardin la fourche en avant.

— Arrêtez, s’écria Mlle Bertin. Êtes-vous fou, Touron ? Jetez votre fourche.

— Sapristi, mam’zelle, vous avez ben fait de parler, je m’attendais pas à vous trouver là. Mais je vois que vous savez mieux que moi pourquoi l’on se promène tant dans vot’ grange.

— Touron ! s’écria Michel, on vous connaît de reste, et tout le monde sait que vous êtes hargneux comme un mauvais chien. Mais si vous ne prenez pas le ton d’un brave homme pour parler à mam’zelle Lucie, je vous f… dans le chemin la tête en bas !

— Faut pas se fâcher, dit Cadet en dépouillant son enveloppe ; c’est de ma faute. J’aurais dû jeter ça bas et