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Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/283

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— S’embrasser ! dit Mlle Boc en roulant des yeux terribles.

— Non, mam’zelle, non ! c’est pas moi qui le dis, vous entendez bien. Ah ! grand Dieu ! s’il n’y avait que moi pour dire les choses… Vous pensez que j’ai mis tout ça entre ma peau et ma chemise. Mam’zelle Lucie ! une demoiselle si aimable ! Pour quant à moi, je suis sûre quand ils sont tous deux, à nuitée, dans le bosquet, à causer tout bas, que c’est pure innocence, et qu’il n’y a point de mal.

— Vous n’avez pas vu cela, Touronne. Vous mentez, c’est impossible !

— Dame ! je l’ai entendu de mes oreilles, si je l’ai pas vu de mes yeux, et mon homme, lui, les a vus comme je vous vois.

— En vérité, voilà qui est trop fort, dit Mlle Boc à demi suffoquée. Je crois que vous ne voudriez pas faire un si grand péché, Touronne, que de mentir en cela.

— Moi, mam’zelle ! Ah ! Seigneur ! Si je vous ai tout dit ça, au moins, c’est par bonne intention, car ça serait une charité que d’aviser Mme Bertin de la chose, afin que le monde finisse d’en jaser.

— Comment ! on en cause dans le bourg ?

— Eh ! mam’zelle, personne s’en gêne, allez. C’est une pitié, quoi ! Pas une âme pourtant l’a su par moi, puisqu’on ne peut pas comprendre comment les choses se faufilent par le monde. Enfin, donc, qu’à la fin je me suis dit : Si j’en parlais à mam’zelle Boc ? Elle y ferait peut-être quelque chose…

— Chut ! dit Mlle Boc, en apercevant la Perronnelle qui se dirigeait de leur côté, nous reprendrons ça plus tard. Touronne, vous avez bien fait de me prévenir. Non pas que ce soit vrai, au moins ! Il n’y a que des apparences, ma chère amie, j’en mettrais ma main au feu. Des choses