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Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/327

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dans des toilettes !… On la prendrait pour la femme de chambre de Justine.

— Est-ce de sa faute, la pauvre petite ? dit M. Bourdon.

— Oh ! papa ! mais cela se comprend-il ? Des souliers éculés !…

— Si elle n’a pas de quoi en acheter d’autres… Tu parles de cela bien à ton aise, Aurélie, toi qui donnes une paire de bottines à ta femme de chambre tous les quinze jours. Allons ! ne fais pas la moue ; tu en useras davantage si tu veux. Je te dis seulement de plaindre ta cousine au lieu de l’accuser. J’ai vu cela, moi aussi, et je cherchais comment m’y prendre pour donner à cette pauvre enfant un peu d’argent sans l’humilier.

— Tu peux leur acheter à chacune une paire de bottines, dit Mme Bourdon. C’est un cadeau qu’un oncle peut faire. Mais quant à de l’argent, il ne faut pas se laisser aller à cela, c’est trop dangereux. Cela encourage les gens à vous en demander, sous prétexte d’emprunt, tandis qu’on ne demande pas un cadeau.

— On est vraiment malheureux, reprit Aurélie, d’avoir des parents comme cela.

— Surtout dans la même localité, reprit Mme Bourdon, je tremblais de recevoir une visite pendant que Lucie était là. C’eût été humiliant. Elle aurait dû certainement, par égard pour nous, se mettre un peu mieux. Mais cette parenté-là nous causera bien d’autres désagréments.

— Vraiment ! Lesquels ? demanda Aurélie.

— Va t’habiller bien vite ! répondit sa mère. Il est quatre heures et demie. Notre convive a trop d’empressement pour se faire attendre. Il n’est donc pas loin.

— Ma chère demoiselle Lucie, disait Mlle Boc, tandis qu’elles cheminaient ensemble dans l’avenue des marronniers, vous n’êtes pas juste envers moi. Je vous aime