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Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/355

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— Oui, Michel, écoutez-moi. C’est une chose grave et qui me blesse, que nous devions ainsi nous voir à l’insu de ma famille et de tout le monde. Je veux songer à cela. Je veux tâcher qu’il en soit autrement. Songez-y de votre côté. Nous nous reverrons dans huit jours.

Il répéta tristement :

— Dans huit jours !

— Oui, Michel, au revoir !

— Au revoir ! mam’zelle Lucie.

— Ah ! c’est moi qui l’ai chassée par mes folies, se dit le pauvre garçon en se jetant sur le banc que Lucie avait occupé. Hélas ! mon Dieu ! Tantôt du bonheur à en étouffer ! tantôt de la peine à en mourir ! Oh ! ça ne peut pas durer ainsi ! non, ça me tuerait à la fin !

Eh bien, tant pis ! ça durera tant qu’elle voudra. Je lui ai fait un serment. Si je meurs, elle ne saura pas pourquoi, et m’en pleurera mieux. Oh ! murmurait-il en étreignant le banc, et en l’inondant de ses larmes, oh ! faut-il tant aimer !

Lucie, maintenant qu’elle n’était plus intimidée par la présence de Michel, sentait son cœur plein d’une folle tendresse. Elle faillit revenir sur ses pas, et lui dire… mais elle n’osa. Nous sommes fous ! pensa-t-elle ensuite. S’il ne m’aimait pas tant, il se rirait de moi ; car un enfant lui-même dirait en nous voyant l’un en présence de l’autre : Voilà des amoureux !