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Page:Leo - Un mariage scandaleux.djvu/404

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soie noire, et fut assez habile pour faire accepter à son cousin, sans le blesser, un vieil habit tout neuf, qui malheureusement se trouva trop étroit. Mais Lucie vint à bout de l’arranger un peu, et M. Bertin promit de tenir ses coudes en arrière. Outre cela, l’oncle Grimaud donna quarante francs à ses nièces. Il sembla quelque temps dans cette pauvre maison que le luxe et la richesse venaient d’y descendre. Clarisse était épanouie comme l’espérance ; Mme Bertin, — quand elles ne causaient pas ensemble de leurs toilettes futures et du grand jour, — avait la bouche contractée par un constant sourire, ou minaudait avec des personnages invisibles.

Cela changea quand on eut compté. Il fallait à M. Bertin un pantalon, un gilet, un chapeau, des gants, une cravate, des souliers. Mme Bertin avait également besoin de chaussures ; des gants et des chapeaux leur étaient indispensables à toutes les trois, et Clarisse tenait extrêmement à des nœuds de ruban dans leurs cheveux et sur leur corsage. De plus, les écharpes de ces demoiselles étaient bien fanées !

C’était quatre-vingts francs tout au moins qu’il aurait fallu encore ; qu’il fallait ! car le décorum ne souffre pas de réplique.

Comment se résigner à n’être pas convenable un jour comme celui-là !

Il devait y avoir trois ou quatre femmes des plus élégantes du département. Et les messieurs !

Clarisse n’en disait rien, mais elle pensait beaucoup à celui qui lui donnerait le bras, bien qu’elle ne le connût pas encore.

Elle passait les nuits, cette pauvre Clarisse, à chercher le moyen de faire de l’argent. Mais en vain elle remua dans son cerveau fiévreux cent expédients et fit des prodiges d’invention, rien de possible n’apparaissait. Aussi