— Mais, répondit l’épouse du sous-préfet, je ne sais, ma chère fille, si cela plairait bien à ton mari. C’est une chose défendue par la loi que d’exposer les enfants.
— Quoi ! Fenella, s’écria gaiement M. Gavel, tu veux nous faire faire notre entrée à Poitiers accompagnés d’une sage-femme et d’un nouveau-né ?
— On les ferait descendre avant d’entrer en ville, répondit Mme Delbès un peu déconcertée. Ce serait une bonne action.
Mais l’Olivette, pâle et toute tremblante, s’était levée en disant :
— N’avez-vous pas fini, Bourguignon ?
— Oui, répondit-il ; et il s’avança lentement en soulevant son bonnet de coton, et en disant d’un air plus sournois que benêt :
— Comme ça donc, vous allez par la calèche ? C’est ben charitable à madame et à monsieur, fit-il en attachant sur Gavel ses petits yeux gris et malins, tandis qu’un rictus mal contenu tordait sa grande bouche. Oui, le petit crie trop dans la carriole, à cause des cahots. Ça s’entend déjà à la ben-aise comme un gros monsieur.
Il y eut un silence d’embarras. Aurélie, noyée dans sa morgue et dans sa mélancolie, restait étrangère à cette scène ; mais les deux autres dames paraissaient contrariées, Fernand avait l’air moqueur et Mme Delbès hésitait. Quant à Lucie, le cœur oppressé, elle attendait anxieusement. Ce fut la sage-femme qui prit un parti.
— Non, dit-elle, ça ne se peut pas. Grand merci à madame, et partons.
— Hé ! comme vous voudrez ! répondit le messager ; mais, à cause du petiot, c’est dommage ! Il aura du mal là dedans. Moi, j’aurais de bon cœur perdu le prix du passage pour qu’il ne lui arrive pas malheur. Un beau petit gars ! et qui ne demanderait qu’à vivre. Trouvez-