Page:Leo - Une vieille fille.pdf/164

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avait faite Samuel de le débarrasser de Pauline. Oh ! non, ajouta-t-il, ce serait infâme ! — J’ai été bien négligent dans tout ceci, mon amie ; mais dès demain je verrai Samuel. Depuis quelque temps je suis absorbé par une seule pensée ; il faut enfin que je m’explique avec vous, chère Marie. Je crois que vous savez ce que j’ai à vous dire, et pourtant j’ai peur… j’ai peur que vous ne m’aimiez pas autant que je vous aime.

Il prit sa main et la pressa sur ses lèvres. Elle la lui arracha brusquement, et s’enfuit dans sa chambre, où elle éclata en sanglots.

Bientôt elle se demanda ce qu’Albert penserait de sa fuite ; puis elle se reprocha de n’avoir aucune force contre lui, et s’avoua que le monde avait raison de la condamner. En marchant avec agitation dans sa chambre, elle passa devant la glace et se vit parée suivant le goût d’Albert. Elle comprit en ce moment jusqu’où elle avait poussé l’imprudence et la folie dans ses complaisances pour lui. N’avait-elle pas en effet mérité la risée