Page:Leo - Une vieille fille.pdf/172

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Albert s’emporta ; ils se séparèrent presque brouillés.

En rentrant, Albert trouva la petite maison silencieuse comme il l’avait laissée. Mademoiselle Dubois n’était pas descendue encore. Elle dort bien tard, pensait-il en allant et venant dans l’allée du jardin. Elle était hier si émue ! peut-être n’a-t-elle pu s’endormir qu’au matin. Et, en se retraçant toute la scène de la veille, il éprouvait mille frémissements de bonheur et d’amour. Qu’il était doux de l’aimer, elle ! Car on ne pouvait aimer nulle autre femme ainsi ! Elle ! Marie ! mademoiselle Dubois ! elle qui avait si bien renoncé à l’amour, qui n’y cédait qu’avec contrainte et presque avec remords ! elle qui par fierté blessée avait pris pour son partage la vieillesse et l’isolement, et qu’il rendait, lui, à la jeunesse et à l’amour ! elle à la fois si supérieure et si simple ! si tendre et si réservée ! Aimer une jeune fille parut à Albert la chose la plus fade et la plus niaise. Des enfants, se dit-il, qui aiment