Page:Leo - Une vieille fille.pdf/202

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Il ne pouvait se lasser de la regarder. C’était bien elle ; mais elle aussi, elle avait changé. Par quelle magie s’était-elle parée de grâces nouvelles ? Autrefois, simple et un peu trop uniforme, elle portait humblement ce qu’elle avait de beauté ; à présent, je ne sais quoi de vif et de charmant qui éclatait en elle captivait l’esprit en même temps que les yeux. Avait-elle besoin de jeunesse et pouvait-on songer qu’elle n’en eût pas ? Elle avait trouvé peut-être le secret si rare de ces longues royautés d’amour qui défient le temps. Peut-être ne l’avait-elle pas cherché ? Elle avait reçu la grâce par le baptême de l’amour ; et parce qu’elle était aimée, elle se sentait reine.

Une légère coiffure de dentelle et de rubans ornait sa tête. Son corsage laissait admirer le dessin de sa taille et la blancheur de son cou. Ses bras ronds et blancs, qu’Albert voyait pour la première fois, sortaient de ses manches ouvertes, entourés de dentelles. Ses yeux brillants et humides, attachés sur les yeux de son amant, se bais-