Page:Leo - Une vieille fille.pdf/208

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Tout à coup l’aîné des enfants s’écria : — Maman, je vois un fil blanc dans tes cheveux ; et, avec la brusquerie de son âge, plongeant la main dans la chevelure de sa mère, il saisit le fil argenté. Albert le lui enleva et chercha en souriant le regard de Marie. Mais elle détournait son visage, peut-être pour cacher une vive rougeur qui le colorait. Albert prit l’enfant et l’envoya jouer ; puis, se penchant vers sa femme : — Eh quoi ! lui dit-il, te voilà tout attristée pour un premier cheveu blanc ! — Elle essaya de sourire, mais une larme se détacha de ses cils et roula sur sa joue.

— Ah ! dit vivement Albert, toujours ce regret ! toujours cette inquiétude ! Folle ! ingrate ! qui insultes par le doute à notre bonheur.

Elle attacha sur son mari des yeux pleins de tendresse et de prière : — Non, dit-elle, je n’ai rien à désirer dans le présent, tu le sais. Quelquefois seulement je crains l’avenir.

— Écoute, chère bien-aimée, lui dit-il, une