Page:Leo - Une vieille fille.pdf/23

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core les montagnes, et l’on apercevait derrière la chaîne des Alpes de la Savoie, toutes dégarnies de neige, un dôme blanc lointain, splendide sous les rayons du soir, et que Samuel nomma avec orgueil. C’était le Mont Blanc. Ce qui fait la beauté de Lausanne, c’est le point de vue qu’on y a de toutes parts. Ce qui lui donne de l’originalité, ce sont les rampes qu’il faut à chaque instant gravir ou descendre, et ces escaliers, appliqués en manière d’échelles aux flancs de la Cité, lieux sombres, sales et fantastiques, où le roc suinte et d’où l’on sort avec joie comme d’une caverne immonde.

Samuel conduisit Albert dans sa chambre où ils s’assirent en face d’une bouteille de vin d’Yvorne.

La chambre de Samuel était digne d’un membre de la Jeune Helvétie, de la Société fédérale de gymnastique, de la Société militaire de Guillaume Tell, et de plusieurs autres. On y voyait une trentaine de silhouettes, parmi lesquelles celle d’Albert, des trophées, des décorations, des