Page:Leo - Une vieille fille.pdf/41

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pouvait suffire à ses besoins, mais il avait du loisir ; il ne désira plus rien. L’amitié de mademoiselle Dubois lui devenait chaque jour plus précieuse et plus chère. Outre ses sollicitudes maternelles pour Albert, l’esprit pénétrant de cette femme, sa sensibilité et son jugement initiaient le jeune montagnard à l’entente de la vie réelle, en même temps qu’ils l’éclairaient dans la recherche de l’idéal. Il était de nature plus aimante qu’inquiète ; il se trouvait heureux, lui qui n’avait pas joui des affections de famille, de n’avoir point à éparpiller ses heures en mille endroits et de posséder un intérieur réchauffé par la présence d’une amie.

Le goût naturel de l’indépendance, joint aux abus de pouvoir de la famille, fait aimer à la plupart des jeunes gens cette vie de bohème où l’on a son couvert ici et son gîte là-bas, ailleurs son travail et plus loin ses plaisirs. Mais beaucoup cependant sentent combien est triste le soir, au retour, la chambre silencieuse et sans lumière,