Page:Leo - Une vieille fille.pdf/48

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Son défaut était d’être inégale et fantasque. Lorsqu’elle s’était laissée aller avec le plus de verve ou d’émotion, tout à coup elle s’arrêtait, reprenait une physionomie froide et sérieuse, et laissait tomber l’entretien. Cependant il existait entre elle et Albert une conformité d’idées et de sentiments qui rendait leur intimité de plus en plus douce et profonde. L’hiver étant venu, Albert passait toutes les soirées chez son amie. L’économie de bois et d’éclairage avait été le prétexte de cette réunion. Albert apportait ses livres, mais il ne lisait guère. Tout est matière à causerie entre ceux chez qui le même sujet éveille des idées semblables. On est si heureux de se retrouver hors de soi ! Puis, comme la ressemblance n’est jamais complète, on discute un peu, et la discussion mène à de nouvelles rencontres, qui mènent à de nouvelles discussions.

Une fois il arriva que Pauline vînt passer la soirée avec sa sœur, et Albert ne put s’empêcher de la reconduire. La nuit était sombre, on tré-