Page:Leo - Une vieille fille.pdf/92

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où dort la neige éternelle, tantôt dorées par la lumière, tantôt obscurcies d’ombre, quelquefois couronnées, d’autres fois ceintes de nuages, les Alpes ont à leurs pieds ce miroir du lac où elles se répètent, nappe d’eau fleurie parfois de toutes les couleurs et de toutes les nuances dont juin émaille les prairies. Quand l’air est épais, immenses, énormes, confuses, elles semblent taillées d’un seul bloc. Mais par une atmosphère lumineuse et transparente, regardez, les ravines s’ouvrent, les bois se dessinent, les chalets apparaissent, la roche dure et nue blesse le regard de ses aspérités, et l’observateur attentif découvre des abîmes qu’il ne soupçonnait pas, à côté de vallées nouvelles.

Et le soleil couchant qui les transfigure et les couronne d’incomparables beautés !

Ils descendirent de voiture à Savigny et prirent sur la droite au travers des prés. Ces prés, aux premiers jours du printemps, sont remplis de crocus, de primevères, de bois-fleuri. On y voyait main-