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Introduction.

contorsions. Wang-yuantcheu mourut, âgé de 126 ans, vers l’année 630 probablement, léguant ses inventions à son disciple 潘師正 P’an-cheutcheng, lequel les transmit en 682 à 司馬承貞 Seuma-tch’engtcheng, qui les légua en 733 à 李含光 Li-hankoang, lequel mourut en 769, âgé de 87 ans. La doctrine étant alors incontestée, les notes sur sa transmission s’arrêtent là. Le document d’où je les ai tirées, est daté an 805.




Que tout cela fut innovation et amalgame, non évolution normale des principes originaux du Taoïsme, les Lettrés chinois l’ont remarqué avec justesse dès le commencement, et l’ont soutenu fermement jusqu’à nos jours. Les auteurs du Taoïsme moderne, dont je viens de donner la liste, ont rempli toutes les bonnes places de la Patrologie de leurs propres œuvres, reléguant dans les coins celles des vrais Pères du Taoïsme ancien, et n’admettant que très peu de leurs commentateurs. Les Lettrés, au contraire, exclurent des Index bibliographiques dynastiques, tous les produits du Taoïsme moderne, tout ce qui sent le Ling-pao, et colligèrent avec soin les nombreux commentaires publiés par leurs pareils, sur les œuvres des anciens Pères. Aussi, pour avoir une vue d’ensemble sur la bibliographie taoïste, faut-il réunir ces deux séries, le canon de la secte et les listes des lettrés. Ce que j’ai fait.

Les Lettrés chinois ont aussi très bien remarqué, que le Taoïsme moderne est une religion théiste. « Pour la succession des destructions et des régénérations de l’univers, disent-il, les Taoïstes parlent à peu près comme les Bouddhistes. Mais, ce qui leur est spécial, c’est qu’ils vénèrent 元始天尊 Yuan-cheu T’ien-tsounn, le Vénérable céleste de la première origine, qui fut avant l’émanation primordiale ; dont personne ne sait l’origine ; qui survit, toujours le même, sans aucun changement, à travers toutes les révolutions cosmiques. Il réside au-dessus de la 玉京 capitale de jade, par delà les orbes des trois Purs, au plus haut des cieux. C’est lui qui veille à ce que, au commencement de chaque nouvelle période, les hommes soient instruits de ce qui concerne leur délivrance. » 雲笈七籤. — Voici quelques citations taoïstes : « Au-dessus des cieux des humains bienheureux[1], s’étendent les trois orbes des trois Purs. Plus haut, c’est le ciel suprême, où réside le Vénérable céleste de la première origine, qui dirige toutes les transformations, et répand l’enseignement. » 雲笈七籤. — « Il fut avant le vide et le silence, avant le néant primordial. Il survit à la ruine des mondes. L’œil de chair 肉眼 ne peut pas voir sa 真實之身 vraie substance… Cette vraie substance, est pure et merveilleuse, contenant toutes les vertus, présente dans tous les lieux. Elle est le principe premier, la cause, de tous les mouvements, de toutes les productions. » 道教義樞. — « Dans le vide primordial sans intérieur ni

  1. Ces cieux sont des cieux inférieurs, calqués sur les devaloka bouddhiques, ajoutés au système postérieurement. Lieux où les Tchenn et les Sien jouissent en attendant leur réincarnation, au lieu de flâner dans l’univers comme jadis.