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Introduction.

extérieur, une lumière brilla. Cette lumière était esprit. L’esprit s’épanouissant, devint les trois Purs. Puis il y eut le ciel et la terre, puis le reste des êtres. » 靈寶無量度人上品妙經. — « Le Seigneur du vide et Maître de l’origine, est esprit, est lumière, est de lui-même. C’est lui qui mit en rotation l’univers primitivement immobile. C’est lui qui fit commencer la chaîne, des genèses de l’être du non-être, des retours de l’être au non-être. » 太清金闕玉華仙書八極神章三皇内祕文. — Dans la Patrologie, les traités qui expliquent la surveillance que le Vénérable céleste exerce sur les hommes, le compte de leurs péchés, le pardon des repentants, la punition des impénitents, le rôle du Génie de l’âtre (son témoin) et des Génies de la foudre (ses exécuteurs), les peines infernales, la réincarnation en fonction du mérite et du démérite, sont très nombreux et très clairs. Le quadrilatère de la Grande Ourse, est, pour l’adepte taoïste, comme une fenêtre, par laquelle le Vénérable céleste regarde ce qui se passe dans ce bas monde. La fenêtre tourne autour du pôle, une fois par jour, pour lui permettre de bien voir les quatre coins de la terre carrée. Ses bureaux sont installés dans les sept étoiles de l’Ourse. Il a de plus des succursales administratives sur la terre, aux cinq Monts sacrés, spécialement au mont 泰山 T’ai-chan. — Dans cette religion perfectionnée, les anciens procédés divinatoires sont conservés. Ils servent à deviner les intentions du Vénérable céleste. Les grands hommes légendaires, 伏羲 Fou-hi, 黄帝 Hoang-ti, U, sont honorés. On leur a fait de belles légendes. Ils sont considérés, ou comme des avatars célestes, ou du moins comme ayant été inspirés par le Vénérable céleste. Par contre, les parangons classiques Yao et Choun sont passés sous silence. Ce furent des artificiels, des conventionnels, des rituels, comme leur admirateur Confucius.




Le commencement de la dynastie T’ang, vit l’apothéose de Lao-tzeu, événement plutôt politique et de peu d’importance. Le fondateur de la dynastie, 李淵 Li-yuan, était un usurpateur. Il jugea utile de s’attacher les Taoïstes, maltraités par la dynastie précédente Soei. En 620, un certain 吉善行 Ki-chanhing rencontra dans les montagnes un vieillard vénérable, vêtu de blanc, qui lui dit : « Va dire de ma part au Fils du ciel de la dynastie T’ang, que moi 李老君 Li-laokiunn, je suis l’ancêtre de sa famille ». Les Taoïstes informés, comprirent l’intention impériale. Lao-tzeu, le vieux philosophie, ne fut pas fait dieu, comme on le dit parfois, erronément. On l’ajouta simplement, après Fou-hi, Hoang-ti, U le Grand, à la liste des avatars passés du 神寶君 Chenn-pao-kiunn, le 老君 lao-kiunn de la troisième orbe[1], en attendant les futurs. Rien n’est changé au système. — En 741, Lao-tzeu apparut à l’empereur 玄宗 Huan-tsoung de la même

  1. Lao-kiunn, vieux seigneur, est un titre rituel générique, comme le prouvent les expressions 五老帝君 pour les cing Ti régionaux chinois ; 三天老君 les lao-kiunn des trois orbes ; 九天老君 les lao-kiunn des neuf cieux ; etc. Le titre est concédé à Lao-tzeu, en tant qu’avatar.