Page:Leon Wieger Taoisme.djvu/522

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cela. ... Dans le même ordre d’idées, Lao-tan dit à Koan-yinn-tzeu : quand le ciel ne veut pas, qui dira pourquoi ? c’est-à-dire, mieux vaut se tenir tranquille, que de chercher à connaître les intentions du ciel, à deviner le faste et le néfaste. (Vains calculs, tout étant régi par une fatalité aveugle, imprévisible, inéluctable).

F. Yang-pou le frère cadet de Yang-tchou dit à son aîné : Il est des hommes tout semblables pour l’âge, l’extérieur, tous les dons naturels, qui différent absolument, pour la durée de la vie, la fortune, le succès. Je ne m’explique pas ce mystère. — Yang-tchou lui répondit : Tu as encore oublié l’adage des anciens que je t’ai répété si souvent : le mystère qu’on ne peut pas expliquer, c’est la fatalité. Il est fait d’obscurités impénétrables, de complications inextricables, d’actions et d’omissions qui s’ajoutent au jour le jour. Ceux qui sont persuadés de l’existence de cette fatalité, ne croient plus à la possibilité d’arriver, par efforts, à prolonger leur vie, à réussir dans leurs entreprises, à éviter le malheur. Ils ne comptent plus sur rien, se sachant les jouets d’un destin aveugle. Droits et intègres, ils ne tendent plus dans aucun sens ; ils ne s’affligent ni ne se réjouissent plus de rien ; ils n’agissent plus, mais laissent aller toutes choses. ... Les sentences suivantes de Hoang-ti, résument bien la conduite à tenir par l’illuminé : Que le sur-homme reste inerte comme un cadavre, et ne se meuve que passivement, parce qu’on le meut. Qu’il ne raisonne pas, sur son inertie, sur ses mouvements. Qu’il ne se préoccupe jamais de l’avis des hommes, et ne modifie jamais ses sentiments d’après les leurs. Qu’il aille son chemin à lui, suive sa voie propre personnelle. Car personne ne peut lui nuire, (la fatalité seule disposant de lui.)

G. Quatre hommes vécurent ensemble durant toute leur vie, sans s’occuper des sentiments les uns des autres. Quatre autres passèrent de même leur vie, sans se communiquer aucun dessein. Quatre autres, sans se rien manifester. Quatre autres, sans jamais discuter. Quatre autres, sans même se regarder. ... Tous ceux-là marchèrent comme il convient à des hommes régis