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XXVI

LA PENSÉE DOMINANTE.

(Publié en 1836.)


Douce, puissante dominatrice du fond de mon âme, terrible, mais cher présent du ciel, compagne de mes jours lugubres, qui reviens si souvent devant moi,

Qui ne parle de ta nature secrète ? Qui de nous n’en sent le pouvoir ? Cependant, pourvu qu’un sentiment personnel pousse les hommes à dire les effets de ce pouvoir, ce qu’on en dit paraît toujours nouveau à entendre.

Comme mon âme devint solitaire, quand tu commenças à y séjourner ! Tout d’un coup, comme en un éclair, toutes mes autres pensées s’éloignèrent. Comme une tour dans une plaine solitaire, tu te tiens seule, géante, au milieu de mon esprit.