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XXVII

L’AMOUR ET LA MORT.

(Publié en 1836.)


Ὅν οἱ θεοὶ φιλοῦσιν, ἀποθνήσϰει νέος.
Il meurt jeune, celui qui est aimé des dieux.
Ménandre.


Le destin engendra en même temps l’Amour et la Mort, frère et sœur. Le monde n’a ici-bas rien d’aussi beau non plus que les étoiles. De l’un naît le bien et le plaisir le plus grand qui se trouve sur l’océan de la vie : l’autre anéantit les plus grandes douleurs et les plus grands maux. C’est une belle enfant, douce à voir, non pas telle que se la dépeint la gent couarde ; elle aime souvent à accompagner l’enfant Amour et ils franchissent ensemble la route mortelle ; premières consolations de tout cœur sage. Et jamais cœur ne fut plus sage qu’un cœur frappé d’amour, ni ne méprisa plus profondément la vie misérable. Jamais cœur