Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/300

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sonores, semblaient porter très haut, à un sommet de paix et de grandeur, le règne futur de l’enfant baptisé sous leurs voûtes », telle est cette page d’histoire, qui a l’ampleur d’une fresque, le pittoresque d’une chronique, et le mordant d’une satire. De même que la Curée s’ouvre et se ferme par un même tableau correspondant, le Bois à l’aller et au retour, Son Excellence Eugène Rougon se déroule entre deux scènes jumelles, deux séances du Corps législatif, se répondant et se faisant pendant, comme ces deux toiles de Géricault qui sont au Louvre et représentent, l’une un cavalier triomphant, le sabre au poing, campé solidement sur ses étriers, enlevant son cheval qui hennit joyeusement en s’élançant, la crinière haute, à la lutte et à la victoire ; —l’autre personnifiant la défaite sombre, et la retraite difficile, montrant le même cavalier, mais démonté, la bride de son cheval las et blessé passée à son bras, descendant péniblement une pente abrupte et s’aidant, comme d’un bâton ferré, du fourreau de son sabre inutile. Tout le livre est dans ce cadre, la chute et le triomphe d’Eugène Rougon. Si l’intensité d’effet produit est ici moins grande que dans la Curée, l’art de la composition y est aussi parfait. La vérité de l’histoire, l’intimité de la vie surprise, et la précision des détails y sont remarquables. L’Assommoir est le plus célèbre des romans de Zola, Il a fait fortune. Le talent et l’originalité, vainement prodigués en d’admirables pages, et dont l’auteur avait fait la preuve dans les six volumes précédents, n’avaient pu forcer les portes de la grande notoriété. Zola, stagiaire de la gloire, piétinait dans le vestibule, faisant