Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/326

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apparaît, éblouissante et ferme. Les bras sont nus. Le jupon est mal attaché. Une grosse natte de ses beaux cheveux, d’un châtain doré à reflets blonds, a coulé jusque dans les seins. Il voit tout cela. Elle, à son tour, examine le docteur, et s’aperçoit qu’il a le cou nu. Hélène alors, faisant un retour sur sa nudité chaste de mère affolée, remonte son châle et cache ses seins ; le docteur boutonne son veston, et tous deux se quittent, laissant l’enfant, calmée, endormie, et seulement surprise de voir un homme à son chevet, dans la nuit, auprès de sa mère. En s’en allant, le docteur emporte avec lui comme une odeur de verveine qui montait du lit défait et des linges épars dans cette chambre de femme, dont sa profession lui a permis de violer l’intimité, et cette odeur-là ne le quittera plus, jamais plus. On a comme cela, dans la vie, des parfums qui décident d’une existence. L’enfant guérie, il convient de remercier le médecin. La mère mène sa petite Jeanne chez M. Deberle. Une intimité s’établit. Il y a des liaisons fatales. La femme du médecin, Juliette, une caillette parisienne qui, selon la formule de nos légères aïeules, babille, s’habille et se déshabille tout le jour, et ne pense à rien autre, la reçoit fort gentiment. La gravité d’Hélène plaît fort à cette évaporée, qui court les premières représentations et les assemblées de charité, joue la comédie de salon, organise des ventes de bienfaisance, caquette au sermon ou coquette sur la plage de Trouville, et finit, faiblesse où le cœur n’est pour rien, par se laisser aller à un rendez-vous périlleux dans la chambre suspecte d’une maison douteuse. Elle accepte Hélène comme repoussoir. Elle la plaisante aussi. Elle la compare à son mari, le docteur, toujours quelque peu froid et posé. « Vous vous entendriez bien tous les deux », dit-elle en se moquant. Le