Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/328

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la femme, cette fête de mai, attire, passionne et exalte les femmes. Le moment du renouveau est propice. La féminine nervosité, toujours prête à subir l’excitation, ébranlée par tout cet appareil décoratif plein d’art et de douceur, aspire les capiteuses ivresses du printemps. Une sorte de rut mystique pousse ces créatures impressionnables aux églises discrètes et parfumées. C’est dans l’église qu’Hélène revoit Henri. Avec réserve tous deux se retrouvent. Ils évitent de paraître se souvenir de la scène vive et brusque du bal d’enfants. Un apaisement profond et une sensation nouvelle de passion réfrénée accompagnent ces entrevues. On ne se permet pas un serrement de main. On garde tout. Le cœur s’emplit à éclater. Pas un muscle du visage ne bouge. C’est là le bonheur de tous deux. Les forts et les chastes ont goûté de ces joies. Henri a beau se taire, Hélène l’entend. N’est-ce pas lui qui, d’une voix plus belle, chante, avec l’orgue, leur amour infini et leur volupté sans bornes ? L’extase lui vient à entendre ces cantiques où débordent les passions divines, et elle ne peut s’arrêter quand elle a commencé à converser de ses amours, avec Marie. Mais les extases célestes descendent et se prolongent sur la terre. Un soir, grâce à l’hypocrite intervention d’une vieille hideuse, la mère Fétu, qui retient Jeanne lui faisant l’aumône, Henri et Hélène se trouvent seuls, ensemble, dans la rue, et les mains des deux amants se rencontrent. Les voilà repris au piège éternel. Cependant le mois de Marie s’achève, et il va falloir renoncer aux délicieux retours de l’église, quand Jeanne vient encore une fois servir de lien fatal entre ces deux êtres. Une après-midi, tandis que sa mère, agenouillée à