Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/413

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

idéale. La papauté renoncera à toute préoccupation du temporel, elle sera toute spiritualisée. Plus de mômeries ridicules, comme les jongleries lucratives de Lourdes. Et puis, la religion serait expurgée de toutes ses impuretés mercantiles, le culte deviendrait simplifié, le dogme serait amené à une conciliation avec la science, avec la raison. La religion apparaîtrait alors comme un état d’âme, une floraison d’amour et de charité. Enfin, le pape, entendant, du fond du Vatican, le craquement des vieilles sociétés corrompues reviendrait aux traditions de Jésus, à la primitive Église ; il se mettrait du côté des pauvres. Toutes ces fantaisies politico-religieuses, que l’abbé Froment a formulées dans son bouquin, il les rabâche, par la plume de Zola, grand amoureux des redites, à tout un auditoire de prélats, de cardinaux, de jésuites, et, finalement, au pape, dans une audience presque secrète, qui est le morceau capital du volume, la meilleure page. L’abbé Froment, personnage tracé d’un dessin mou, prêtre sur la pente de la révolte, et dont la soutane semble chercher les orties, tient à la fois de Lamennais et de l’abbé Garnier, du père Didon et de Hyacinthe Loyson. On ne discerne pas clairement ce qu’il veut, encore moins ce qu’il rêve : ses aspirations de la Rome Nouvelle sont flottantes, et il plaide assez mal sa cause devant le Saint-Père. Léon XIII le rembarre comme il faut, le cloue avec autorité et lui rive le schisme sur la bouche. Froment a pleurniché la cause des malheureux ; il a récité des articles de journaux, où les virtuoses de la misère émeuvent les cœurs compatissants. Le Saint-Père lui répond que son cœur de pape est plein de pitié et de tendresse pour les pauvres, mais la question n’est