Page:Lepelletier - Émile Zola, 1908.djvu/459

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ville, toute une société nouvelle, comme le cultivateur Mathieu remplaçant des landes et des marais par une campagne luxuriante, font de ce volume un ouvrage de socialisme fantastique. Zola semble un Jules Verne fouriériste et humanitaire, et ce sont des voyages extraordinaires au pays du travail qu’il nous raconte, dans une langue poétique et pittoresque, comme toujours. Vérité, c’est l’affaire Dreyfus. Comme dans un roman à clef, l’auteur a déplacé les situations, modifié les milieux et changé les noms et les qualités des personnages. Mais l’allusion est d’une compréhension aisée, et l’allégorique récit est l’histoire dramatisée du célèbre procès. Au lieu d’une affaire d’espionnage, il s’agit d’une assez répugnante aventure de viol et de meurtre, rappelant le crime où fut mêlé le célèbre frère Flamidien. Un jeune écolier est trouvé étranglé et souillé, un matin, dans un bourg imaginaire, Maillebois, proche la ville cléricale de Beaumont, également supposée. On accuse un malheureux instituteur laïque, Simon, uniquement parce qu’il est juif. On saisit déjà l’analogie avec l’Affaire. Simon est injustement condamné, poursuivi par les huées populaires. La conviction des jurés a été décidée par la production en chambre de délibérations d’une pièce secrète, non communiquée à la défense, par le président, tout acquis à la faction cléricale acharnée à la perte du juif. Simon est envoyé au bagne. L’instituteur Marc Froment, un des quatre évangélistes sociaux de Zola, se multiplie pour faire reconnaître l’innocence de la victime. Il y parvient, après une longue lutte et