Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/109

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les autorités rassemblées à l’Hôtel-de-Ville. Leurs sacs étaient chargés de fleurs, de couronnes, qu’on leur jetait des fenêtres de la ville en fête. Lyon reprit rapidement son aspect accoutumé, et, comme au lendemain d’un court orage, la population souriait au ciel rasséréné, sans alors s’occuper des gros nuages noirs qui fuyaient sous l’horizon, sans s’effrayer des éclairs lointains et du tonnerre qui grondait vers Paris.

Un seul fait aurait pu décider Lyon a adhérer à la Commune de Paris et même à lui envoyer des renforts, la preuve apportée que Thiers et l’Assemblée de Versailles étaient décidés à renverser la République. Mais ni l’Assemblée, malgré son désir et ses intentions certaines, ni le chef du pouvoir exécutif ne commirent cette faute de se démasquer, et cette preuve ne fut pas apportée. La République fut maintenue en apparence, et M. Thiers eut l’habileté de persuader à Lyon, et à d’autres grandes villes moins facilement apaisées, que c’étaient les parisiens qui attaquaient la République et la mettaient en péril. Ni les délégués envoyés de Paris au 22 mars, ni ceux qui vinrent par la suite pour tenter un nouvel appel aux élans révolutionnaires, ne surent ou ne purent prouver aux lyonnais que l’existence de la République fût compromise, si la Commune succombait. M. Thiers profita de l’équivoque en affirmant, notamment aux délégations venues de Lyon, dans le courant d’avril, que la République ne serait ni touchée, ni sérieusement menacée, tant qu’il garderait le pouvoir.

Il lui fallait plus d’adresse encore pour réfréner les appétits royalistes de l’Assemblée. Il sut garder l’équilibre difficile entre les deux camps, et ajourner les espérances monarchistes, tout en calmant les inquiétudes républicaines. Les délégués provinciaux venus à Paris, notamment ceux de Lyon, s’en revinrent tranquillisés, après ces entre-