Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/156

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venir le retour de ces désordres, qui sont à la fois une calamite pour notre pays déjà si malheureux, une perte énorme pour notre florissante cité, une ruine pour beaucoup de familles. La proclamation de l’état de siège, faite conformément aux lois, m’a donné tous les pouvoirs nécessaires pour obtenir ce résultat.

Je veux que la paix, l’ordre, la concorde se rétablissent le plus promptement possible entre vous, que le travail reprenne, que l’industrie soit libre et que le commerce retrouve sa prospérité.

Pour atteindre ce but, j’ajouterai, s’il le faut, aux dispositions qui précèdent, des prescriptions nouvelles.

Les dispositions auxquelles le général faisait allusion, en affectant la crainte de les trouver incomplètes, étaient les suivantes :

1o Fermeture des clubs, interdiction des réunions publiques ; 2o Remise de toutes les armes dans les magasins de l’État dans les 48 heures : 3o Dissolution et désarmement de la garde nationale ; interdiction de toutes affiches traitant de matières politiques, apposées, colportées, ou insérées dans les journaux ; 4o Suppression de tout journal qui prêterait sa publicité aux actes du gouvernement insurrectionnel.

On visait les événements de Paris. L’éteignoir était mis sur la presse de Paris et le bâillon était appliqué aux journaux des départements. La Commune de Paris était considérée comme n’existant pas. On ne devait plus en entendre parler. Cette ignorance imposée fut une des causes puissantes de l’apathie et de l’indifférence témoignées par les départements du midi envers les combattants de la capitale, durant les six semaines de la lutte qui commençait précisément le jour où Marseille, bombardé et terrorisé, se laissait prendre et ligoter par une force dérisoire de cinq mille bommes, au plus. Il est vrai qu’il y avait la terrible hache des marins de la Couronne ! Il y avait aussi, et c’était plus sérieux, la volonté des marseillais de ne pas résister plus longtemps.