Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

commis un nouveau crime. Le chirurgien en chef de l’armée, M. Pasquier, s’étant avancé seul et sans armes, trop près des postes ennemis, a été indignement assassiné.

Thiers.

Nous avons expliqué plus haut comment le chirurgien Pasquier avait été tué, par suite de son imprudence ou de son erreur, ayant été pris pour le chef d’une colonne d’attaque. La méprise était facile. Quant à « l’exaspération des soldats » fusillant sommairement des « déserteurs reconnus », non seulement la justification n’est pas plausible, mais l’erreur était impossible. D’abord, comment dans le combat les soldats de Vinoy eussent-ils reconnu des « déserteurs » ? Il aurait donc fallu qu’ils se trouvassent en présence de soldats de leurs régiments, passés de la veille à l’ennemi, et d’eux personnellement connus ? C’est plus qu’invraisemblable. Ces prétendus déserteurs, combattants de première ligne, étaient-ils des soldats d’infanterie adhérents à la Commune, et faisant le coup de feu en uniforme de l’armée ? Ceci est peu supposable. D’abord, les soldats restés à Paris ou qui’étaient venus s’enrôler dans les rangs de la garde nationale, en petit nombre, avaient été revêtus de l’uniforme des gardes nationaux ou des costumes que portaient les corps francs, s’ils s’étaient engagés dans ces compagnies spéciales. On ne les eût pas envoyés à la première sortie aux avant-postes, vêtus de leur uniforme de lignards qui les eût infailliblement exposés, en cas de surprise ou de défaite, à la vengeance des vainqueurs. Aux postes de l’intérieur, il pouvait sans doute se trouver des soldats restés à Paris au Dix-Huit mars, ou n’ayant pas rejoint leurs corps pour des raisons diverses, et ayant conservé leur uniforme de l’armée, mais ceci est plus que douteux. Ce sont donc des gardes nationaux et non des déserteurs de l’armée qui, envoyés pour garder le rond-point et défendre Courbevoie, ont été surpris, assaillis