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police dès le premier jour de l’insurrection. Il y fut nommé délégué, avec Raoul Rigault. On a vu qu’il était l’un des trois généraux en chef désignés par le Comité Central, avant la sortie. Aux élections du 26 mars, il fut élu membre de la Commune par 6,482 voix, dans le XIIIe arrondissement. Il n’eut pas le temps d’y siéger. Tout entier à l’organisation des troupes opérant dans les environs de Châtillon et des forts du sud, il dirigea, le 3 avril, les bataillons marchant sur Versailles par Châtillon et Clamart. Il fut fait prisonnier et fusillé sous les veux de Vinoy au Petit-Bicêtre.

Émile Duval était un homme robuste, de taille moyenne, au front large et bombé, avec des yeux gris et vifs enfoncés sous les arcades sourcilières. Sa physionomie était intelligente et sympathique. Sa foi révolutionnaire ardente. Il y avait en lui l’enthousiasme, le fanatisme et le mépris de la mort qui animent les martyrs prédestinés de toutes les croyances.

LE MONT-VALÉRIEN

L’action militaire, dans la journée du lundi 3 avril, eut trois épisodes, trois séries de combats distincts : Rueil et le Mont-Valérien, Clamart et Meudon, Issy et Chatillon.

Le corps d’armée, commandé par Bergeret, franchit de grand matin le pont de Neuilly. Il se dirigea, assez tumultueusement, vers Rueil, le Mont-Valérien et Bougival. On chantait. On criait « à Versailles ! » et les rangs se rompaient fréquemment. Ce n’était pas la marche silencieuse, à la faveur des ténèbres, qu’avait recommandée prudemment Gustave Flourens. On eût dit une bande d’excursionnistes turbulents, se répandant gaîment et à l’aventure par la campagne, plutôt qu’une colonne d’attaque dirigée vers une formidable position à enlever. Des hommes solides,