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Vingt fois les misérables qui déshonorent l’uniforme de la ligne ont levé la crosse en l’air, puis traîtreusement ont fait feu sur nos braves et confiants citoyens. Ces trahisons et ces atrocités ne donneront pas la victoire aux éternels ennemis de nos droits. Nous en avons pour garants l’énergie, le courage et le dévouement à la République de la garde nationale…

Après cette vigoureuse protestation, la proclamation ajoutait une déclaration de confiance, affirmant que « la Commune ne doutait pas de la victoire, et que des résolutions énergiques étaient déjà prises ». Enfin la proclamation se terminait par un hommage aux bataillons vaincus : « Gardes nationaux, la Commune vous félicite et déclare que vous avez bien mérité de la République ! » Il y avait là comme un ressouvenir de la démarche du Sénat de Rome remerciant le consul, après la défaite de Cannes, de n’avoir pas désespéré du salut de la république. Mais ce n’étaient là que de nobles sentiments et de belles phrases. Il fallait autre chose pour vaincre.

CONSÉQUENCES DE LA SORTIE DES 3-4 AVRIL

La Commune faisait donc contre mauvaise fortune grand cœur. Malgré ces félicitations un peu théâtrales, le résultat de ces deux journées de combat n’en était pas moins désastreux. Ce n’est pas que les pertes subies durant ces engagements simultanés sur trois points principaux, Rueil, Meudon et Châtillon, fussent telles que les effectifs et la force militaire de la Commune pussent être considérés comme affaiblis au point de rendre la résistance désormais impossible. On avait sans doute laissé beaucoup de monde sur le champ de bataille et aux mains de l’ennemi, mais ces morts, ces blessés, ces prisonniers, dont on devait déplorer le sort, ne constituaient pas une déperdition de forces irréparable. Le chiffre des combattants de la