Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/292

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les obstacles à l’intérieur de la ville ? Il fallait barrer les grandes avenues par de fortes barricades, avec tranchées, gabions et sacs à terre, défendues par de l’artillerie, en petit nombre, mais multipliée. Les bras n’eussent jamais fait défaut. La Commune comptait dans ses rangs un nombre énorme de terrassiers, d’ouvriers du bâtiment, de la voirie, des travailleurs façonnés à manier la pelle, à remuer la terre, ce qui manquait à Versailles. Avec ces sapeurs volontaires et ces pionniers de l’insurrection, on eût rendu l’entrée décisive dans Paris par la force, sinon impossible, du moins difficile et longue. La résistance forte et savante eût obligé peut-être Mac-Mahon à renoncer à l’assaut. On aurait dû, à l’avance, transformer en redoutes les grands carrefours, les places et les points culminants : le Trocadéro, Passy, la place de l’Étoile, les Tuileries, la place Malesherbes, la butte Montmartre, les buttes Chaumont, la Bastille, et, sur l’autre rive, la place d’Italie, le Panthéon, les vastes avenues de l’École militaire, barrer tous les ponts des deux côtés, embosser des canonnières à l’abri des piles balayant les quais, et préparer des amorces de petites barricades, faciles à achever et à armer rapidement, se reliant entre elles dans les rues débouchant sur toute la ligne des grands boulevards, boulevard Saint-Germain, boulevard de Strasbourg et Saint-Michel, la rue de Rivoli et tout le pourtour des anciens boulevards extérieurs. Pour protéger les principales redoutes, les places et les grandes avenues, on devait se mettre en mesure d’utiliser les conduites de gaz, la pression des canalisations d’eau et les égouts pouvant former d’infranchissables fossés. Toutes les maisons dominant les barricades auraient dû être approvisionnées à l’avance de matelas, avec les fenêtres blindées. On eut tout le temps nécessaire pour ces préparatifs à la guerre des rues.