Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/309

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servir de prétexte à une intervention ? Etaient-ils au contraire disposés à montrer une neutralité bienveillante à l’égard de la Commune ?

L’insurrection du 13 mars avait eu comme premier élément l’indignation patriotique, l’humiliation de la défaite ; il était donc impossible au pouvoir issu de ce grand mouvement de protestation contre les hommes de la Défense, contre la capitulation, et dont les partisans s’étaient manifestés énergiquement à l’annonce de l’entrée des prussiens dans Paris, de faire la moindre tentative de rapprochement avec les vainqueurs. D’un autre côté, les allemands tenaient Paris sous le feu d’une partie des forts qui le dominaient au nord et à l’est, et il était habile, sous peine de susciter à la ville les pires catastrophes, de ne point heurter ces arrogants et pointilleux vainqueurs. On a vu les impérieuses sommations du général Von Fabrice, à l’occasion d’un poteau télégraphique renversé, par accident ou maladresse, auprès de Pantin, et l’échange de dépêches, d’abord menaçantes, puis plus calmes, de la part du général prussien. Paschal Grousset se tira avec prudence et dignité de cette situation équivoque et périlleuse. On l’a accusé d’avoir été trop déférent envers les allemands. C’est une calomnie inadmissible. Il a tenu le langage et a eu la conduite qu’il était nécessaire d’avoir. Les gens de bonne foi admettront bien que, quelle que fût la vigueur des sentiments patriotiques des parisiens, et leur haine des prussiens, il eût été absurde et criminel de la part de la Commune et de son représentant vis-à-vis des puissances étrangères, de paraître se redresser devant le vainqueur et de prendre une attitude provocatrice ou cassante, que les circonstances ne permettaient pas, qui eût été à la fois dangereuse et ridicule. On eut donc toute raison de déclarer aux allemands, détenant une portion du territoire, que la Commune enten-