Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/413

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il eût longuement arrêté les assaillants et retardé leur succès final.

On ne saurait raisonnablement lui reprocher de n’avoir pas lancé témérairement dans les tranchées, et en avant des forts, des masses hésitantes, disposées à subir des paniques et à entraîner des déroutes, comme celle de la plaine de Nanterre. Mais entre les 6,000 hommes qu’il déclare avoir seulement engagés, d’Ivry à Asnières, et les 100,000 gardes nationaux dont il pouvait disposer, des 40,000 qu’il tenait réellement sous la main, il y avait une moyenne à obtenir. Il pouvait certainement tirer des bataillons organisés, rationnés, touchant la solde, une force active et prête à bien se battre, qu’on peut évaluer à ce chiffre exact et net de 40,000 combattants. C’était plus que suffisant pour garder les positions extérieures, et même sur certains points pour contraindre l’assaillant à un mouvement de recul.

Dès son entrée au ministère, Cluseret prit un arrêté fort grave. Il divisa la garde nationale en active et en sédentaire, décrétant la réorganisation des compagnies de marche qui avaient existé pendant le siège. Il crut à tort qu’elles avaient conservé leur organisation, et qu’il n’y avait qu’à les reformer et à leur donner cohésion et régularité. C’était une erreur. Il l’a reconnue. Ces compagnies « de marche » s’étaient disloquées, avaient disparu lors de la capitulation. Fallait-il les réorganiser, puisqu’elles étaient supprimées ? Ces compagnies étaient-elles utiles ? Si l’affirmative paraissait justifiée, il n’y avait qu’à les constituer à nouveau, peu importait que les anciennes compagnies fussent encore organisées ou non.

La garde nationale comprenait depuis la fin de la guerre des éléments nouveaux et les compagnies n’avaient plus la même composition.

La gravité de la mesure prise par Cluseret était ailleurs