Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/415

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sont des obligations auxquelles tous doivent se soumettre. Peu importe que la cause de la guerre soit approuvée ou blâmée par les conscrits et soldats : ils doivent la faire, comme les contribuables acquittent leurs impôts, que ceux-ci leur paraissent justes et utiles, ou non. L’impôt argent, l’impôt du sang. sont établis par la majorité du pays, par ses représentants, et ils sont exigés sans discussion comme sans résistance. C’est la loi de l’État, loi suprême nécessaire à son maintien, à son salut, à sa grandeur.

En est-il de même lorsqu’il y a rébellion, c’est-à-dire résistance d’une partie de la nation aux volontés de l’autre ? Cluseret parut être pour l’affirmative. Selon lui, dans l’esprit de son décret, la majorité des parisiens, ayant approuvé de fait la guerre civile, lui avait donné le droit, comme chef de l’armée, de recruter, d’enrôler tout le monde pour soutenir cette guerre, et la minorité devait se soumettre. Il n’était pas plus arbitraire, selon lui, d’exiger des parisiens ayant l’âge de l’enrôlement la présence sous les drapeaux de l’insurrection que de les obliger, une fois incorporés, à se soumettre à la discipline, à obéir aux ordres des chefs, à demeurer à leur rang, dans la compagnie ou à la place de combat assignée. Cette opinion est ce qu’on nomme une pétition de principes. La guerre civile, l’insurrection, la révolte ne sont pas, comme la guerre étrangère, le résultat d’une loi, c’est-à-dire la manifestation régulièrement exprimée de la majorité de la nation. La guerre civile éclate ou spontanément, sous l’empire de faits contingents, ou elle est l’aboutissement d’une crise intérieure, plus ou moins longue. Elle représente l’effort d’une minorité, ou d’une partie agissante de la population, pour imposer sa volonté, pour défendre ou obtenir ce qu’elle estime être son droit, ou pour substituer au régime établi, jugé oppresseur ou injuste, un ordre de choses nouveau, supposé meilleur ou