Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/417

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sailles et Volontaires de Paris ? Ceci s’était produit notamment en 1830, où les soldats des régiments adoptant la cause du peuple firent le coup de feu contre les soldats restés fidèles à Charles X. Ils pouvaient, les blancs et les tricolores, durant ces trois journées où la légalité était suspendue, se considérer également, chacun sous le drapeau de son choix, comme des combattants volontaires, comme des partisans défendant une opinion personnelle, un parti qu’ils voulaient faire prévaloir par la force.

En tous cas, si Versailles contraignait des hommes favorables à la Commune à marcher contre elle, celle-ci ne devait pas pour cela limiter, et contraindre des hommes qui lui étaient hostiles à combattre pour elle. Telle doit être la logique de la guerre civile, telle est la justice, — idéale et utopique.

Le décret était, dans la pratique, mauvais. On ne pouvait compter sur des combattants ni bien fidèles, ni solides, en forçant à porter les armes contre leurs idées et leurs désirs des citoyens, accoutumés à plus d’indépendance et de libre choix que des militaires professionnels soumis à l’obéissance passive, entraînés à s’y conformer. Si le décret eût été strictement appliqué, et il ne pouvait pas l’être, il ne le fut pas, on eût introduit dans les bataillons fédérés des éléments de désordre, de discorde, peut-être de rébellion et de trahison.

Il était bon, a dit Cluseret, d’avoir un point d’appui légal pour déterminer les gens timorés, mais bien intentionnés, à faire leur service, plutôt que de rester chez eux. C’était justement la négation du libre arbitre dans l’action, c’est-à-dire le point de départ de la discipline, sans laquelle il n’y a pas de succès militaire possible, J’ajoute que, dans l’application, je fus on ne peut plus coulant, permettant de quitter Paris à quiconque le demandait…

(Cluseret, — Mémoires. p. 67.)