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VERLAINE EMPLOYÉ

chands de vins, tous ouvriers ou habitants de Bercy, appartenant au commerce des liquides, étaient en majorité. Il ne tarda pas à rentrer gris au domicile conjugal. Il troubla, inquiéta sa femme. Peut-être eut-il, un beau soir, des expansions trop chauvines ou trop aimables ; la jeune épousée quitta alors, pour la première fois, le domicile conjugal ; elle courut se réfugier chez ses parents, à Montmartre. Le mariage remontait à six mois à peine, et l’encre n’avait pas encore séché sur les feuillets enthousiastes de la Bonne Chanson.

À la suite d’une bronchite, déclarée issue des gardes aux remparts, par les nuits froides, et vérifiée par le major de bataillon, Verlaine fut dispensé de service actif et invité à reprendre ses fonctions de bureaucrate. Il y avait toujours, à l’Hôtel de Ville, de la paperasserie en souffrance. Il déposa, non sans un certain soulagement, son fusil de garde national. Il ne le reprit plus.

Bien qu’en principe favorable au mouvement du 18 mars, partageant les sentiments de la plupart des Parisiens, républicains et patriotes, éprouvés par les angoisses du Siège, et redoutant de l’assemblée de Bordeaux une restauration monarchiste, il ne participa point à l’insurrection. Si, par la suite, il fut classé parmi les communards, ce fut par une extension complaisante de ce qualificatif périlleux, et qui n’est pas encore réhabilité complètement.

Il ne se rendit pas à Versailles, voilà tout son délit. Verlaine ne fut, d’ailleurs, à aucune époque, l’objet d’une instruction judiciaire pour participation à la Commune. Ces faits, qui ont été souvent mal rapportés, ont besoin d’être précisés.

M. Thiers avait quitté précipitamment Paris, le 18 mars 1871, emmenant le Gouvernement derrière la calè-